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Ravageurs des palmiers Un état des lieux malgré la pandémie

Alors que la pandémie n’a pas permis à la principauté de Monaco d’organiser en décembre son habituelle réunion d’information sur les ravageurs des palmiers, un état des lieux a été dressé pour garder le lien entre gestionnaires d’espaces verts. ©P. Fayolle

Chaque année, la principauté de Monaco avait pris l’habitude de rassembler les gestionnaires de palmiers pour faire un point sur le papillon et le charançon qui les détruisent. En 2020, la Covid-19 n’a pas permis l’organisation de ce rendez-vous, mais un bilan a été dressé pour voir où en est la lutte le long de l’arc méditerranéen.

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En février, Éric Vermiglio (Direction de l’aménagement urbain, principauté de Monaco) et Robert Castellana (Riviera Gardens, Jardins botaniques de la riviera franco-italienne, coordinateur du réseau botanique franco-italien Phoenix) ont répertorié les éléments dont ils disposaient concernant la lutte contre le papillon Paysandisia archon et le charançon Rhynchophorus ferrugineus qui ravagent les palmiers.
Leur document comporte deux volets principaux : un état des lieux dans plusieurs villes de Méditerranée et quelques flashs sur des politiques de substitution proposées par différents organismes ou collectivités.

La lutte abandonnée en Italie, partielle en France

Sur le terrain, la situation reste toujours aussi préoccupante. Dans les jardins botaniques, une centaine d’espèces de palmiers sont présents, la moitié a été touchée par au moins un des ravageurs. Le papillon Paysandisia archon est le principal problème actuellement, en raison d’attaques fongiques liées aux dégâts de l’insecte.
Dans les plantations ornementales publiques ou privées, une dizaine d’espèces sont en général présentes.
En Italie, la lutte n’est plus obligatoire, les infestations ne sont plus comptabilisées et la lutte semble abandonnée.

En France, elle reste obligatoire mais seulement pour les communes qui le souhaitent. Les données recueillies ne sont donc que partielles. Quatre techniques sont autorisées : des nématodes, le champignon Beauveria, le piégeage de masse et la lutte chimique par injection. Les interventions ne se font le plus souvent que dans le domaine public.

La communauté d’agglomération de Fréjus (83) mène depuis cinq ans une expérimentation d’injection chimique sur 4 000 Phoenix canariensis (sur 6 000 palmiers présents dans la commune). Le taux d’échec a été de 5 % en 2020.

Monaco poursuit ses traitements à base de nématodes et Beauveria à l’aide de drones ou de nacelles et mène un essai de pulvérisation de silice. Des traitements avec un répulsif à base de résine de pin, envoyé avec un engin de type paintball, sont aussi en cours de test. Sur les vingt palmiers traités ainsi tous les deux mois, aucun ne semble touché en 2020.

Des capteurs de mouvement comme ceux installés à Mandelieu (Le Lien horticole n° 1097 de juillet-août 2020, pages 26-27) vont aussi être mis à l’épreuve.

Des politiques de substitution diverses

Mais alors que le destin de nombreuses espèces semble scellé, certaines collectivités et des organismes ont choisi des politiques de substitution. La végétation exotique étant importante pour le secteur du tourisme tout au long de l’arc méditerranéen, certaines collectivités ont pris l’option de remplacer certains palmiers par d’autres espèces moins sensibles, comme Washingtonia, Syagrus et Archantophoenix. L’Inrae a lancé une enquête à ce sujet. Les premiers résultats devraient être publiés prochainement.
En dehors de la communauté d’agglomération de Fréjus, Phoenix canariensis est en voie d’extinction, tout comme Trachycarpus, sensible au papillon. Chamaerops humilis est aussi sévèrement touché par ce dernier ravageur.
Phoenix dactylifera
commence à être touché par le charançon.

À Ajaccio (Corse), où 32 % des palmiers sont infestés, les Phoenix canariensis sont touchés à plus de 55 %, les P. dactylifera à 15 % et les Butia à moins de 4 %. Mais ces derniers sont aussi moins nombreux.

La communauté d’agglomération de Sophia Antipolis, CASA (06), a préféré mettre en ligne une palette végétale alternative moins exotique, visant à promouvoir des « végétaux qui renforcent la qualité des paysages, le bien-être des usagers et qui favorisent des aménagements et des gestions durables ». On y retrouve plutôt des espèces méditerranéennes que des exotiques, en dressant la liste des plantes à éviter car envahissantes (Aloe, agaves…) ou sensibles à d’autres maladies ou ravageurs que ceux qui touchent les palmiers.
Palmiers ou pas, chaque collectivité est désormais à l’heure des choix !

Pascal Fayolle

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